Anticiper l’avenir, adapter son chez-soi : le conseil du gériatre Bertrand Fougère pour une meilleure qualité de vie
Le Professeur Bertrand Fougère est Professeur de Gériatrie à la Faculté de Médecine de Tours et Chef du Pôle Vieillissement du CHU de Tours. Il est par ailleurs co-pilote du Grand défi Dispositifs médicaux numériques et Bien vieillir pour le Ministère de la Santé et de l’Accès aux Soins.
Qu’est-ce qui dans votre choix de carrière vous a mené à la gériatrie ?
J’ai toujours su que je voulais faire médecine. Pendant mes études, de stage en stage, la transversalité de l’approche gériatrique m’a attiré. J’avais aussi une appétence pour la recherche, et le champ de la recherche sur le vieillissement était encore à construire : il y avait beaucoup d’études sur les gens de moins de 65 ans, et on transposait vers les plus de 65 ans, en supposant que c’était la même chose. J’aime aussi le travail en équipe c’est pour cela que je me suis dirigé vers la gériatrie.

Il faut adapter son logement avant de se retrouver en difficulté.
Aujourd’hui, nous disposons de plus de recherches sur les Français de plus de 65 ans ?
Oui, aujourd’hui il y a à la fois plus de recherches cliniques et fondamentales, et il y a aussi des études de vraie vie sur les personnes plus âgées. Par exemple, si vous développez un médicament pour l’insuffisance cardiaque, 85% des gens qui souffrent d’une insuffisance cardiaque ont plus de 65 ans. Si vous ne faites pas une étude sur une population âgée quand vous développez votre médicament, vous ne ciblerez pas les patients qui en auront besoin. Le monde de l’industrie du médicament et de l’industrie au sens large a bien compris que sa cible patient / client était une population âgée.
Quelle est votre définition de la gériatrie ?
La gériatrie, c’est la médecine du vieillissement. En pratique, on prend en charge des patients en termes d’hospitalisation ou de consultation, âgés de 75 ans et plus. À la différence d’autres spécialités, c’est une spécialité bio-médico-psycho-sociale. C’est-à-dire qu’on prend en charge à la fois la pathologie, mais aussi l’ensemble de l’environnement du patient.
Les études ont montré que 8 Français sur 10 souhaitent vieillir à domicile, et c’est facilement compréhensible. Comment parvenir à « bien vieillir » ou à « mieux vieillir » chez soi ?
Je ne sais pas qui sont les 2 personnes sur 10 qui ne veulent pas vieillir chez elles !
Le maître mot c’est l’anticipation. Si vous voulez vieillir chez vous, il faut anticiper l’adaptation de votre chez-vous. Et votre chez-vous d’aujourd’hui ne sera peut-être pas celui de demain. Par exemple, si vous avez eu cinq enfants et que vous vivez dans une maison de 250 m² à 3 étages, depuis 30 ans. Est-ce que ce domicile-là doit être celui de votre grand âge ? Peut-être que oui, mais peut-être que non, et ce peut être un appartement dans une résidence, au pied de commerces, d’une supérette, d’une boulangerie etc. Ça sera un autre chez soi.
Il faut anticiper au maximum parce qu’on le sait très bien, l’âge moyen de l’adaptation du logement, même s’il a un peu descendu, est autour de 84 ans. La cible de l’adaptation du logement se trouve probablement entre 70 et 80 ans, c’est-à-dire avant qu’apparaissent les premières pertes de capacités. Il faut adapter son logement avant d’avoir fait une première chute, avant de se retrouver en difficulté. Plus on anticipe, plus on a le choix.
Quelle est l’utilité des aides techniques dans le bien vieillir ?
C’est très personnalisé, car très dépendant de votre logement, de vos souhaits et de vos ressources financières. Les premières adaptations de logement assez simples, c’est d’enlever au maximum les éléments qui sont potentiellement à risque de me faire chuter (tapis…), ou bien la pose d’une barre d’appui pour passer la première marche quand vous rentrez chez vous, ou dans votre douche ou salle de bains pour pouvoir vous relever ou vous tenir correctement.
Si en effet vous avez un étage, et que vous avez la possibilité de le faire et le souhait de le faire, parce que vous voulez garder votre environnement tel qu’il est actuellement, l’adaptation du domicile passe également par un monte-escalier.
La mobilité joue-t-elle un rôle sur la santé globale du patient senior ?
La réponse est oui, mais en disant cela j’enfonce une porte ouverte ! La définition de l’OMS du « Vieillir en santé » c’est de pouvoir continuer à faire ce qu’on a envie de faire. La mobilité est à la fois physique, mais c’est aussi être capable de s’évader en visitant un musée en ligne, ou de pouvoir appeler ses enfants et ses petits-enfants. C’est aussi une certaine forme de mobilité d’esprit.
Je ne peux pas ne pas parler de la mobilité en termes d’activité physique. C’est clairement prouvé, l’un des points les plus importants du vieillir en santé est l’activité physique. Quels que soit votre âge et vos pathologies, votre situation et votre autonomie, en vous adaptant à tous ces paramètres, il faut faire de l’activité physique, encore, toujours et tout le temps. Plus vous resterez mobile et plus vous travaillerez votre vieillissement en santé.
Les adaptations du domicile doivent être personnalisées, et on doit vraiment se laisser le choix, afin de ne pas subir. Par exemple, la dame qui se fracture le col du fémur, qui a une maison à étage, quand bien même vous êtes le plus réactif du monde, elle ne pourra pas sortir de mon service parce qu’elle ne peut plus monter son étage et que sa chambre et sa salle de bain sont à l’étage. Plus elle aura anticipé son choix, préparé, mieux ça se passera. Et moins elle subira la situation.

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